Résumé :

Rafael n’a jamais connu son père mais apprenant qu’il va mourir, il entreprend un voyage en Espagne pour le retrouver. Arrivé sur place, son père est déjà mort mais il laisse derrière lui de nombreux mystères : une maison brûlée, un village qui lui est hostile et un passé complexe. Au fil des rencontres, Rafael s’invente un père en mêlant la réalité à son imaginaire pour créer sa propre vérité.

Extrait :

- Taisez-vous.
- Pourquoi me taire ?
- Arrêtez de me parler de mon père !
- Inutile de vous énerver, intervient ma tante.
- Il faut savoir ce que vous voulez. Votre père a fait partie de l’Histoire comme tout le monde !
- Qui, mieux que nous, connaît la façon de survivre qui nous convient le mieux, Miguel ? Moi, je compte sur l’imagination pour me sauver. Depuis toujours. C’est mon droit le plus strict, non ? Celui d’imaginer ce qui n’a pas eu lieu. On vit où l’on peut. Toutes les vies se valent, y compris celles qui ne font que nous traverser l’esprit. Voilà des années que je fais mentir l’histoire de Lasagual, des années que je fais mentir ma propre histoire parce que la vie m’en paraît plus supportable. Et alors ? Que m’importe si ça vous saute aux yeux ? Que m’importe cette foutue vérité qui ne fait de toute façon pas grand cas de nous ? Pourquoi devrais-je porter l’histoire de mon père sur la gueule ?

Avis :

En parlant de ce livre avec Violaine, elle m’a fait remarquer que une fois de plus dans un livre de Cathrine, un personnage est raconté à travers ceux qui l’ont connu. C’est Richard Taylor par les femmes qui l’ont côtoyé dans “La disparition de Richard Taylor”, la mère par sa famille dans “Sweet home” et maintenant le père par ce fils et les gens de son village. Je ne sais pas s’il s’agit d’une coïncidence ou bien si c’est quelque chose de recherché mais à chaque fois l’idée est intéressante. J’ai beaucoup aimé ces trois livres et celui-ci ne fait pas exception à la règle. Petit bémol ici peut-être par rapport aux autres livres dans le rythme de l’histoire mais il faut dire aussi que ce livre ayant été écrit en 1999, c’est-à-dire avant les deux autres. On sent tout de même qu’Arnaud Cathrine s’est amélioré depuis.
Malgré tout l’histoire est riche et plaisante avec ce père inconnu mais chargé d’interrogations, dont l’histoire est mêlée à l’Histoire. Et puis tout au long du livre cette question : ne vaut-il pas mieux vivre avec un personnage que l’on s’invente et qui nous plait plutôt qu’un personnage trop proche de la réalité mais dont les défauts pèsent sur nous ?
Une fois de plus, lisez Arnaud Cathrine !

Note :

Arnaud Cathrine (1973) – Français
181 pages – 1999 – ISBN : 2-02-040338-2