Résumé :

Le titre peut effrayer, mais c’est sans compter l’humour malicieux de Boris Vian. Ainsi, l’ouvrage s’ouvre sur une conférence de l’auteur sur “L’utilité d’une littérature érotique” puis regroupe ensuite quelques textes très licencieux mais souvent amusants, notamment un poème intitulé “Liberté” parodiant celui d’Eluard.

Extrait :

En ce qui concerne Sade, je ne puis souscrire complètement aux conclusions de Mme Claude-Edmonde Magny, qui dans un article intitulé Sade, martyr de l’athéisme nous confie sa pensée avec une charmante insouciance… mais je cite textuellement Claude-Edmonde : “Ce n’est pas que certaines scènes de L’infortune de la vertu n’aient sur l’imagination un pouvoir suggestif incontestable, mais la vraie signification et l’intérêt de l’oeuvre sont tout autres. Les scènes les plus scabreuses de Sade n’ont de sens et de portée que par la métaphysique qui les sous-tend.” Mme Claude-Edmonde Magny a raison, certes… mais pour poser les fondements de sa métaphysique, le philosophe Heidegger, dont la lecture a également sur l’imagination un pouvoir suggestif incontestable, n’a nullement éprouvé le besoin d’user du vocabulaire employé par Sade, ni d’imaginer les situations variées dans lesquelles se trouvent entraînés ses héros ; et sa métaphysique se tient pourtant parfaitement. Quand Mme Edmonde Magny ajoute : “Les quatre Récollets des Infortunes sont des philosophes en action”, on est tenté de lui répondre que l’action, d’ailleurs complexe et pittoresque, dont il est question, semble plus importer à l’auteur que la philosophie…

Avis :

Voilà un titre qui nous apportera probablement la visite d’internautes effectuant de sulfureuses recherches sur Google. Lorsqu’on m’a offert ce livre, j’ai été quelque peu surprise, curieuse et circonspecte quant à son contenu. La plume de Boris Vian garde pourtant une fraîcheur non négligeable qui m’a permis d’apprécier tout particulièrement la conférence qui ouvre le livre et dont l’extrait que j’ai recopié ci-dessus est tiré. La réflexion de Vian ne manque pas de bon sens et reste très drôle et agréable à lire même si on ne connaît pas forcément les références auxquelles il renvoie. La brièveté des fragments rassemblés ensuite permet d’éviter de sombrer dans l’écoeurement que ce genre de littérature crée immanquablement à la longue. Une lecture tout à fait divertissante et que je recommande (mais tout de même à un public averti).

Note :

Boris Vian (1920-1959) – Français
104 pages – 1980 (1947-1958 pour l’élaboration des textes) – ISBN : 978-2-253-144431-1