Présentation de l’auteur (source : Wikipédia)

Anna Akhmatova est le nom de plume d’Anna Andreïevna Gorenko, une des plus importantes poétesses russes du XXe siècle. Égérie des acméistes (par opposition aux symbolistes, les acméistes revendiquent l’utilisation d’un langage simple et concret pour porter à son apogée la dimension poétique du quotidien), surnommée la « reine de la Neva » ou « l’Âme de l’Âge d’Argent », Anna Akhmatova demeure aujourd’hui encore l’une des plus grandes figures féminines de la littérature russe.

L’œuvre d’Akhmatova se compose aussi bien de petits poèmes lyriques, genre qu’elle contribue à renouveler, que de grandes compositions poétiques, comme Requiem, son sombre chef-d’œuvre sur la terreur stalinienne. Les thèmes récurrents de son œuvre sont le temps qui passe, les souvenirs, le destin de la femme créatrice et les difficultés pour vivre et pour écrire dans l’ombre du stalinisme.

Extrait :

N’essaie pas de me faire peur
Ne me parle pas du destin qui te menace
Ni de la tristesse sans fin de ce pays.
Voici notre première fête
Et cette fête a nom rupture.
Tant pis. Nous n’attendrons pas l’aube.
La lune pour nous n’aura pas divagué.
Je vais te donner aujourd’hui
Ce qu’on n’a jamais vu au monde :
Mon reflet sur l’eau, vers le soir,
Quand le ruisseau n’a pas sommeil ;
Un regard qui n’a pas aidé
L’étoile filante à trouver
Le chemin qui ramène au ciel ;
L’écho de cette voix sans force
Qui était fraîche cet été…
Pour que tu puisses supporter d’entendre
Dans les datchas les médisances des corbeaux.
Pour que les jours du mois d’octobre
Te soient plus doux que la douceur de mai.
Mon ange, souviens-toi de moi.
Au moins, tant que n’est pas tombée
La première neige, souviens-toi.

1959, Moscou
Extrait de Course du temps

Avis :

M’y connaissant très peu en littérature russe, et a fortiori en poésie, mon avis ne constitue qu’un ressenti purement sensible de ma lecture. J’ai pris beaucoup de plaisir à plonger dans l’univers d’Anna Akhmatova, riche en images de nature, pleines de douceur et de violence mêlées, il s’agit tantôt de rêveries amoureuses, tantôt de contes, tantôt d’images plus dures mais jamais ses textes ne se départissent d’une douceur indéfinissable qui nous berce. J’ai souvent eu du mal à saisir le sens qui se cachait derrière les poèmes, mais cela les nimbait d’une aura de mystère qui me les a rendus encore plus agréables. Le plaisir de se réapproprier les textes (même si j’étais sceptique à l’idée de lire de la poésie en traduction)  m’a accompagnée tout au long de la lecture ; j’ai admiré la beauté dans la simplicité qui fait toute la saveur de ce recueil.

Note :

Anna Akhmatova (1889-1966) – Russe
325 pages – 2007 – ISBN : 978-2-07-033722-4