Fabrice Colin - Bal de givre à New-YorkRésumé :

Quand Anna Claramond reprend ses esprits après s’être fait renverser par une voiture, elle ne se souvient plus que de son nom. La ville autour d’elle paraît irréelle et elle n’arrive pas à se rappeler avec précision de ses parents. Elle est en revanche hypnotisée par le charmant jeune homme qui l’a renversée et s’est précipité à son secours : le  séduisant Wynter Seth-Smith qui insiste pour la revoir. Elle retrouve quand même le chemin de chez elle où l’attend avec inquiétude Jacob, son majordome. Alors que de mystérieux messages apparaissent aux quatre coins de la ville, Anna ressent obscurément qu’ils lui sont adressés. Elle va devoir rechercher dans son passé afin de percer les secrets du monde qui l’entoure…

Extrait :

Tournant la tête vers la vitre, j’observai mon reflet. Cheveux bruns mi-longs, expression rêveuse. Le sentiment de familiarité n’était pas aussi fort que je l’aurais pensé mais j’aimais ce que je voyais. Était-ce bien moi ? Et qui d’autre, pauvre idiote ? La vitre me renvoya un sourire : j’avais dix-sept ans. Mon père avait disparu il y a peu mais il m’avait laissé toute sa fortune. J’étais inscrite dans le lycée le plus prestigieux de la ville.
- Scandaleux, non ?
Un chapeau sur les genoux, l’homme assis à mes côtés tapotait la vitre de son index. Sur le trottoir de Broadway, une inscription s’étendait, peinte en grandioses lettres capitales.

ET SI J’ERRE EN CECI, SI MON TORT EST PROUVE,
JE N’AI JAMAIS ECRIT, NUL N’A JAMAIS AIME.

Je tressaillis. Ces mots réveillaient quelque chose en moi. Qui les avait tracés ?
-C’est probablement le Masque, ce dément, marmonna l’homme comme s’il lisait dans mes pensées.
-Le Masque ?
-Les nouvelles du jour, mademoiselle.
De son imperméable, il sortit un exemplaire du New York Call qu’il déplia avec emphase. “Le Masque a encore frappé !” clamait un titre en première page.

Avis :

J’ai été d’autant plus déçue par ce roman qu’il me paraissait prometteur (j’aurais dû me méfier de sa couverture un peu trop kitsch qui est à l’image de l’histoire). Anna est une héroïne de conte de fées, un peu trop parfaite pour être vraisemblable ou attachante, qui est atteinte d’une amnésie partielle assez étrange (voire peu crédible) et qui a tendance à se laisser porter plutôt qu’à prendre de véritables décisions. Chacun des personnages qui peuplent ce récit souffre de ce manque d’étoffe ; la révélation finale du roman peut en partie l’expliquer mais j’ai trouvé ça vraiment dommage. J’ai eu l’impression de me promener parmi une galerie de fantômes dont j’attendais impatiemment qu’ils prennent vie, mais ce fut peine perdue. Fabrice Colin construit pourtant un univers empreint d’une indéniable beauté ; la froideur omniprésente de celui-ci nous empêche toutefois d’entrer complètement dans l’histoire. On s’attend à ce que chaque détail incongru trouve une signification, mais le lecteur est pour nombre d’éléments laissé sur sa faim. L’histoire d’amour est à l’eau de rose, l’atmosphère devient terriblement glauque vers la fin mais on se laisse porter par le suspense, attendant que tout prenne sens… tout ça pour un finale plutôt convenu et décevant. Beaucoup de potentiel pour une grosse déception. Il y a peut-être ici de quoi ravir des adolescentes mais je vous conseillerai de passer votre chemin.

Note :

Fabrice Colin (1972) – Français
294 pages – 2011 – ISBN : 978-2-226-19356-8