Résumé :

A la mort de son frère Nathan, Sarah est désemparée et remet en question sa vie qui lui semblait pourtant si parfaite. Fuyant au Japon, où Nathan disait avoir trouvé la paix, Sarah espère retrouver dans ces lieux quelques traces laissées par son frère mais c’est finalement aux interrogations de sa propre vie que Sarah va trouver une réponse.

Extrait :

Pour la première fois depuis que je suis ici, j’ose sortir de ma poche la photo de Nathan. Elle rit en le voyant et ça me fait un bien fou d’entendre ce rire, ça me fait un bien fou de savoir que quelqu’un qui l’a croisé peut rire à son souvenir. Dans son anglais rudimentaire elle me dit que oui, elle s’en souvient, il est resté quinze jours chez elle, il était toujours saoul, en train de chanter et de rire ou de pleurer, « a very strange and very kind man ». « C’est mon frère », lui dis-je. Mon frère. Je répète plusieurs fois ces mots, aussitôt les murs et le sol les engloutissent, à peine prononcés ils disparaissent, absorbés par le silence mat. Elle me prend les mains et me les serre, les siennes sont petites et comme couvertes de talc. Ses yeux brillent et son visage est d’une bienveillance grave et douce. On dirait qu’elle me présente ses condoléances. Comment peut-elle savoir ? Qu’a-t-elle bien pu deviner ? Elle se penche vers moi et me glisse à l’oreille, sans me lâcher les mains :
- Don’t go see cliffs again. Not good for you.
Elle me serre dans ses bras, contre mon ventre son corps minuscule est dur et sans âge.

Avis :

C’est avec ce dernier roman d’Olivier Adam que je découvre cet écrivain dont on m’a déjà souvent parlé, notamment en faisant le rapprochement avec Arnaud Cathrine que j’apprécie beaucoup comme vous le savez. Effectivement, je dois bien admettre qu’il y a un petit quelque chose de commun entre les deux auteurs et probablement plus encore dans ce roman qui nous fait découvrir la vie de Nathan, un jeune homme décédé, à travers le regard de sa sœur, procédé qu’affectionne particulièrement Cathrine qui nous dépeint souvent ses personnages principaux grâce à leurs proches.
Je dois dire que j’ai été plutôt séduit par cette écriture. L’histoire est difficile mais Olivier Adam a su trouver les mots pour décrire avec précision les sentiments de cette sœur déchirée à la fois par la mort de ce frère qu’elle aime tant mais aussi par l’abîme qui se creuse dans sa vie quand elle s’aperçoit enfin que le monde si parfait qui l’entoure correspond si peu à ses valeurs. Dans le très beau décor japonais qui encadre l’exil de Sarah, on ne peut s’empêcher de se prendre d’affection pour cette femme finalement si fragile. Au cours de ma lecture, la chanson « Immortels » de Dominique A me semblait faite pour se roman « Je ne t’ai jamais dit, mais nous sommes immortels, pourquoi es-tu parti avant que je te l’apprenne ?… Et toi qui n’es plus là, c’est comme si tu étais plus immortel que moi mais je te suis de près. ». En effet, si Sarah a beaucoup de mal à accepter le décès de son frère, elle garde continuellement autour d’elle la présence de ce dernier.
L’articulation entre le moment présent et les souvenirs de Sarah est fluide mais je reprocherais tout de même au roman quelques passages descriptifs un peu trop longs à mon goût, ce qui n’empêche pas d’en faire une lecture agréable.

Ce livre est un gros coup de cœur pour Clara, tandis que Canel et Cathulu ont été un peu déçues par rapport à leurs précédentes lectures d’Olivier Adam. Antigone, Amanda Meyre et A lire et à croquer ont eu besoin de franchir le seuil des 50 pages pour vraiment rentrer dans le livre. L’encreuse a quant à elle beaucoup aimé cette lecture.

Note :

Olivier Adam (1974) – Français
233 pages – 2010 – ISBN : 978-2-87929-746-0