Résumé :

André Plomeur est un boucher de talent qui n’a pas son pareil pour faire “chanter la chair”. Mais ce n’est pas uniquement celle du boeuf, du porc ou du mouton qu’il manie avec dextérité puisqu’il est aussi très doué avec les femmes ! En pleine première guerre mondiale, alors que tous les maris sont au front, le jeune André a du succès. Malheureusement, cette période faste ne pouvait pas durer indéfiniment : la guerre touche à sa fin et les maris rentrent au bercail. C’est alors que devant la boucherie Plomeur on découvre un bébé laissé sur le pas de la porte dans son panier, puis un deuxième, puis un troisième… puis finalement sept bébés qui vont évidemment bouleverser la vie d’André.

Extrait :

André Plomeur est né à Quimper, par un beau jour d’avril. Sa mère finissait de larder un rôti de bœuf quand elle se sentit embrochée comme un poulet prêt à cuir. La cliente qui attendait, la voyant étouffer, crut que c’était le cœur qui lâchait. Mais non. Ça se passait plus bas. Lorsque les eaux se mirent à ruisseler sur la sciure, on envoyer chercher le futur papa aux abattoirs. Il fallait le prévenir dare-dare que l’enfant de l’amour arrivait.
Élevé au lait entier, le jeune André évolua rapidement dans la tradition ancestrale en travaillant au magasin dès l’âge de cinq ans. A sept, il savait déjà tenir la caisse, à huit, égorger son premier mouton, à dix, vous désosser une épaule en deux temps trois mouvements et l’entrelarder sous votre nez, façon bouchère. Fallait voir comment il aimait la bidoche. Si les pianistes naissent tous avec un don, André semblait venu sur terre avec celui qui fait chanter le bifteck.
Toutes ses années scolaires, il les passa à la boucherie, l’enseigne arborant les lettres du nom familial peintes en rouge sang sur un fond rose fuchsia. Loïc, son père, Fernande, sa mère (descendante directe d’une lignée de charcutiers originaire de l’île de Molène, créateurs de la saucisse du même nom), décidèrent, à l’arrivée du rejeton, de ne rien changer aux principes d’une éducation transmise par les générations précédentes, qui avait déjà fait ses preuves. Loïc apprit donc lui-même au marmot l’art des voyelles et des consonnes. Chaque fois qu’il débitait les quartiers de bidoche au hachoir, il lui faisait répéter à voix haute les noms inscrits sur les panneaux cloués aux murs de la boucherie où les bœufs, les moutons, les cochons et les chevaux, soigneusement dessinés à la plume, apparaissaient découpés en morceaux. A comme abats, B comme bifteck, C comme côtelette, D comme dindon (chez Plomeur, on faisait aussi la volaille), E comme épaule, F comme filet mignon, G comme gigot, H comme hure, I comme indigestion…

Avis :

Avant toute chose, je tiens à remercier les éditions Phébus ainsi que Babelio qui ont eu la gentillesse de m’offrir ce livre dans le cadre de l’opération Masse Critique.

Le résumé de ce livre m’avait tout de suite attiré, j’aime les romans ayant une tendance comique et de ce côté je n’ai pas été déçu. Les deux premiers tiers du livre sont un vrai régal, Martin Provost nous décrit de façon très amusante la jeunesse d’André Plomeur, et la façon dont il se retrouve du jour au lendemain père de sept enfants. Le style est agréable, fluide et drôle, ça se dévore ! Mais pour donner à Bifteck toute sa saveur, il manque je crois une fin un peu plus raffinée, quelques arômes qui viendraient épicer un peu l’histoire. Je m’attendais à une fin toute autre, un peu plus recherchée. Là je suis resté sur ma faim, j’ai eu l’impression que ce récit si bien commencé était un peu bâclé. J’aurais pourtant aimé donner un autre coup de fourchette et reprendre un peu de rab d’une lecture semblable à celle du début du livre au lieu de garder en bouche ce goût d’inachevé. Quelques pages de plus et l’histoire des Plomeur en Amérique auraient fait un bon digestif… Tant pis !

Et puisque nous aimons les mots et que Martin Provost invente à sa façon l’origine du hamburger, je vous invite à jeter un œil sur le reportage fait par Karambolage sur l’histoire de ce mot qui a bien voyagé.

Critiques et infos sur Babelio.com

Note :

Martin Provost (1957) – Français
125 pages – 2010 – ISBN : 978-2-7529-0476-8