Résumé :

Dans un univers où les lois de la physique sont assez différentes de celles que l’on connaît, Boris Vian nous présente deux personnages. Il y a Colin, assez fortuné pour ne pas avoir à travailler et Chick, qui n’est qu’un “simple” ingénieur et qui n’a pas de quoi vivre comme il le voudrait. Les deux hommes et amis vont trouver l’amour. Colin avec Chloé et Chick avec Alise. Malheureusement, Chick voue un amour plus fort à son écrivain favori, Jean-Sol Partre qu’à Alise et Chloé tombe malade…

Extrait :

Dès le début de la rue, la foule se bousculait pour accéder à la salle où Jean-Sol donnait sa conférence. Les gens utilisaient les ruses les plus variées pour déjouer la surveillance du cordon sanitaire chargé d’examiner la validité des cartes d’invitation, car on en avait mis en circulation de fausses par dizaines de milliers.
Certains arrivaient en corbillard et les gendarmes plongeaient une longue pique d’acier dans le cercueil, les clouant au chêne pour l’éternité, ce qui évitait de les en sortir pour l’inhumation et ne causait de tort qu’aux vrais morts éventuels, dont le linceul se trouvait bousillé ; d’autres se faisaient parachuter par avion spécial (et l’on se battait aussi au Bourget pour monter dans l’avion). Une équipe de pompiers prenait ceux-là pour cible et, au moyen de lances d’incendie, les déviait vers la scène où ils se noyaient misérablement ; d’autres enfin tentaient d’arriver par les égouts. On les repoussait à grands coups de souliers ferrés sur les jointures, au moment où ils s’agrippaient au rebord pour se rétablir et sortir, et les rats se chargeaient du reste. Mais rien ne décourageait ces passionnés (ce n’étaient pas les mêmes, il faut l’avouer, qui se noyaient et qui persévéraient dans leurs tentatives) et la rumeur montait vers le zénith, se répercutant sur les nuages en un roulement caverneux.

Avis :

Il y a quelques mois, j’avais lu “L’arrache coeur” qui ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable. On ne cessait cependant de me conseiller la lecture de “L’écume des jours”, et on a bien fait ! Tout comme dans “L’arrache coeur”, l’univers du livre est très étrange. Le travail n’est pas valorisé, les ingénieurs sont bien moins payés que les ouvriers, les maisons se transforment on ne sait trop comment… De fait, ceci peut déstabiliser mais l’histoire est dès le début très prenante ce qui facilite l’immersion dans le monde de Vian. Evidemment, ce monde loufoque permet de critiquer le monde dans lequel nous sommes. Jean-Sol Partre (Jean-Paul Sartre) lui sert à dénoncer le dévouement un peu trop poussé qu’ont certaines personnes à l’égard de célébrités. Vian critique aussi le monde du travail ou encore la superficialité de la société… Bref, un roman très riche mais qui a l’avantage de ne pas être compliqué à lire bien au contraire.

Note :

Boris Vian (1920-1959) – Français
316 pages – 1947 – ISBN : 2-253-14087-2