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Ken Bruen – Calibre

Ken Bruen - CalibreRésumé :

A Londres, un homme a décidé de rayer des la carte toutes les personnes mal élevées. Pourtant, quand il va commencer à envoyer des lettres à la police, l’assassin va vite comprendre que le Sergent Brant est un spécialiste de la grossièreté et qu’il n’acceptera pas qu’un autre que lui puisse tuer sur son territoire !

Extrait :

Merde en branche. Faut reconnaître, mec, que ces foutus Amerloques ont des expressions géniales. J’adore leur façon de jurer.
J’ai tué pour la première fois mardi dernier. Je n’arrive pas à croire que ça ait été aussi facile. Des remords ? Pas la queue d’un. Je regrette seulement de ne pas avoir commencé plus tôt.
J’ai quarante-quatre ans et je suppose que je suis ce que l’on appelle un type qui a mis du temps à trouver sa voie. Long à la détente, comme disent les Amerloques. J’aurais pu buter des cons depuis trente ans et qu’est-ce que je faisais ?
Je travaillais.
Un zombie.
Je crois que c’est Bob Geldof qui a dit que c’était la plus grande escroquerie. J’écoute I Don’t Like Mondays des Boomtown Rats et c’est exactement ce qu’il me faut. Ils ont tout pigé. La puce en silicone que j’ai dans le crâne a cramé.
Elle a mis le temps.

Avis :

Chaque nouveau livre de Ken Bruen est attendu avec impatience et sans surprise, je l’ai dévoré ! Mais c’est peut-être ce côté “sans surprise” qui a fait que je n’ai pas adoré ce 6e tome des aventures de Robert et Brant. Les personnages principaux n’évoluent plus beaucoup et il manque quelque chose pour que la magie de cette série opère encore dans sa totalité.
Une lecture agréable donc, mais qui me laisse sur ma faim. J’espère que Ken Bruen réussira à rajouter un peu de piquant et de rythme dans les prochains tomes !

Note :

Ken Bruen (1951) – Irlandais
219 pages – 2011 – ISBN : 978-2-07-078698-5

Jean-Philippe Blondel – Et rester vivant

Jean-Philippe Blondel - Et rester vivantRésumé :

Jean-Philippe Blondel revient dans ce roman sur un événement fondateur de son existence : à l’âge de vingt-deux ans, il se retrouve orphelin de ses deux parents et de son frère (suite à deux accidents de voiture, ayant eu lieu à quatre ans d’intervalle). Il vend alors tous les biens de la famille et part avec Laure et Samuel, ses deux meilleurs amis, en Californie. La destination qu’il veut atteindre, c’est Morro Bay, parce que Lloyd Cole l’évoque dans une chanson qu’il adore.

Extrait :

J’écris des romans. Au début, c’était autant de planches de survie pour laisser les couleurs vivre encore. Quand les couleurs se sont stabilisées, j’ai créé les chemins que je n’avais pas parcourus. Je les dessine encore mentalement. C’est mon alphabet cabalistique. Je m’invente des dizaines d’identités. Je me place devant des dilemmes. Je résous mes équations. J’apprends à m’apprécier. C’est long.

Je vais rarement au cimetière. Je n’y apporte jamais de fleurs. Parfois un mot, que j’écris à la va-vite, sur un tout petit morceau de papier, que je roule ensuite en boule et que je cale, invisible, dans les rainures des tombes.
Cette fois-ci, le mot a pris de l’ampleur. Il est allé se promener en Californie. Il a suivi les paroles d’une chanson oubliée. Il est revenu. Il ressemble à un hommage -à ceux qui sont partis, mais plus encore, à ceux qui m’ont permis de rester.

J’espère que, désormais, plus aucun de mes livres ne sera un hommage.

Avis :

Après avoir vu et entendu Jean-Philippe Blondel évoquer ce livre dans “La grande librairie”, j’ai eu très envie de le lire. J’avoue avoir eu du mal au début, à cause de la narration décousue et de ces bribes de pensées qui jalonnent tout le roman. A être à ce point dans la tête du narrateur, on finit par se sentir un peu perdu. On erre dans les souvenirs d’un jeune homme qui a choisi l’errance, à défaut de trouver un autre mode d’exister. A l’âge de tous les possibles, Jean-Philippe Blondel a fait l’expérience de la liberté la plus vertigineuse. N’ayant plus de comptes à rendre à personne, il a dû apprendre à vivre avec ce poids d’incertitude. C’est l’expérience qu’il tente de relater ici, comme un passage obligé pour lui-même et à laquelle le lecteur incrédule (comment continuer à vivre avec cela ?) assiste. C’est un livre déroutant, parce que très introspectif, mais aussi touchant et fascinant. De plus, il ne sombre jamais dans le pathos : la souffrance se dit tout en pudeur et en justesse. La fin -et notamment le passage sur l’évocation du retour des couleurs- m’a beaucoup émue.

Note :

Jean-Philippe Blondel (1964) – Français
245 pages – 2011 – ISBN : 978-2-283-02518-5

David Foenkinos – Les souvenirs

David Foenkinos - Les souvenirsRésumé :

Le narrateur nous fait le récit de son existence de la mort de son grand-père jusqu’au moment décisif où sa vie va faire sens pour lui. Ainsi, on entre dans la tête de ce jeune homme (qui a, à vue de nez, entre vingt et trente ans) qui se raconte tout en digressant sur les personnes de son entourage. De façon touchante et en flirtant parfois avec l’absurde, il nous invite à porter un regard sur sa famille, sur la façon dont les gens sont liés et se comportent les uns avec les autres. Ainsi, l’air de rien, il nous amène à une réflexion sur la vie qui pourra toucher tout lecteur.

Extrait :

On marchait ensemble dans les couloirs de la maison de retraite. Mon regard s’arrêtait toujours sur les croûtes accrochées aux murs. Leur vie était déjà suffisamment dure, je me demandais pourquoi ils infligeaient aux résident une double peine visuelle. La plupart étaient des paysages déprimants, des terres idéales pour provoquer une avalanche de pulsions suicidaires. Il y avait aussi un tableau avec une vache. Le peintre devait être un pensionnaire et on l’exposait pour lui faire plaisir. Après renseignement, non, personne ne savait qui avait peint cette horreur ni pourquoi elle était pendue là. On ne se souciait pas de l’esthétique. Mon dégoût pour ce tableau allait pourtant provoquer chez moi une étrange réaction : à chacune de mes visites, je ne pourrais faire autrement que de m’arrêter devant pour le contempler. Cette vache faisait maintenant partie de ma vie. Elle serait, pour toujours, le symbole de la laideur. Ce n’est pas rien d’avoir ainsi un accès à la laideur, comme un point de mire à l’horizon vers lequel il ne faut surtout pas aller. Cette vache-là, je passerais ma vie à la fuir.

Avis :

C’est mon premier David Foenkinos et j’avoue avoir été extrêmement charmée par le roman lorsque je l’ai commencé. Le narrateur est touchant et sympathique ; l’évocation de ses grands-parents m’a beaucoup attendrie, en particulier toutes les péripéties avec sa grand-mère ainsi que les réflexions sur les maisons de retraite. J’ai trouvé dans le ton une justesse et des réflexions piquantes et amusantes sur l’existence qui donnent un charme tout à fait agréable au récit. J’ai toutefois ressenti une certaine lassitude à partir du moment de la rencontre avec Louise. Si le reste m’a paru traité avec originalité, j’ai un peu déploré le récit de cette relation amoureuse qui ressemblait davantage  à mes yeux à une succession de clichés, sentiment d’autant plus regrettable que ce qui précédait avait pour moi une grâce et une fraîcheur tout à fait inédites. De même, je suis un peu mitigée sur le catalogue de souvenirs qui défilent à intervalles réguliers tout au long du roman : autant certains sont vraiment originaux et amusants et apportent un brin d’excentricité qui fait mouche, autant parfois je les ai trouvés un peu faciles à amener et un peu cul-culs. Quant à la fin, si elle apporte son unité au récit, elle m’a aussi semblé un peu facile. Ces bémols n’enlèvent rien à l’impression globalement très positive que m’a fait ce roman. J’ai souvent tendance à déplorer la pauvreté de la pseudo auto-fiction et sa banalité navrante. Ici, on est très loin de cette médiocrité : il y a une trouvaille plaisante à savourer à chaque page et chacun devrait y trouver son compte sans difficulté.

Note :

David Foenkinos (1974) – Français
266 pages – 2011 – ISBN : 978-2-07-013459-5

Véronique Ovaldé – Des vies d’oiseaux

Véronique Ovaldé - Des vies d'oiseauxRésumé :

C’est lorsque Gustavo Izarra appelle la police pour expliquer qu’il a été cambriolé mais que rien n’a été volé que le lieutenant Taïbo fait la connaissance de Madame Gustavo Izarra. En menant l’enquête sur le mystérieux couple de “coucous” qui s’installent dans les maisons lorsque leurs occupants sont partis en vacances, Taïbo va faire la connaissance de Vida, perdue dans une vie de couple dont elle ne saisit plus vraiment le sens. En partant à la recherche de Paloma, c’est elle-même que Vida va finir par découvrir.

Extrait :

Mon coeur en sautoir

Se souvenir toujours de son petit corps, de sa grâce, de la texture de sa peau, de son haleine, de son odeur, de sa voix, emmêlées l’une dans l’autre, la moiteur de son coup, la finesse de ses bras, le délié parfait de chacun de ses muscles minuscules et sublimes, comment graver ses gestes dans le souvenir, comment être sûre de ne jamais rien oublier de tout cela, de pouvoir s’en servir et le réactiver quand elle serait seule et vieille, puiser dans son trésor de souvenirs et d’images, la peau bronzée de Paloma, son grain un peu sec et salé, la connaissance que Vida en avait, qui semblait être quelque chose de tangible et d’éternel, mais cette connaissance même n’existait que le temps que la chose connue existât, ses cheveux désordonnés et longs qui lui donnaient l’allure d’une sauvageonne, sa blondeur iodée d’enfant, la pulpe de ses lèvres, l’immensité de ses yeux (qui paraissaient à une autre échelle que les autres éléments de son visage), l’arc de ses sourcils noirs et fatals (des sourcils de femme). Vida voulait prendre la totalité de ces fragments parfaits et en faire un trésor réellement inaltérable. Et quand elles étaient ensemble elle savait que c’était impossible et cette impossibilité la plongeait dans un désespoir infini. Elle avait l’impression que sa beauté, sa tendre enfance lui échappaient déjà. Qu’elles s’en allaient en particules dans l’air, comme des filaments de sa perfection. Elle se disait “il faut que je la photographie, que je l’enregistre”, mais toutes ces opérations étaient vaines et elle échouait à conserver la douceur éphémère de cette fusion de leurs deux corps allongés dans une chambre estivale, l’une à côté de l’autre,  les bras de la petite autour de son cou et les lèvres de la petite sur ses paupières. Elle savait ce qui la faisait rire alors elle la faisait rire et ce rire d’enfant, ce rire qui s’en allait déjà à toute vitesse, lui piétinait le cœur.

Avis :

Mon rythme de lecture s’est considérablement ralenti depuis la rentrée et pourtant cette lenteur m’a semblé en parfaite osmose avec le roman de Véronique Ovaldé. Si j’avais trouvé Vera Candida plus fantaisiste, j’ai apprécié la douce mélancolie de celui-ci et sa profondeur mâtinée de légèreté. La plume de Véronique Ovaldé est de plus en plus maîtrisée : c’est la première fois que je ne reste pas sur ma faim (contrairement à ses deux précédents romans). Les personnages m’ont touchée car avec cette façon unique qu’elle a de raconter les histoires, l’auteure nous parle de choses universelles et réussit à nimber de poésie la réalité la plus sordide. J’ai aimé me promener dans l’univers parallèle créé par Véronique Ovaldé, dont elle parle d’ailleurs merveilleusement bien (regarder La grande librairie à partir de 21’45). J’ai aimé le désarroi touchant de Vida et de Paloma, la beauté du sentiment complexe qui les unit et les séduisantes figures masculines de Taïbo et d’Adolfo. Je suis longtemps restée sous le charme de cette fable lumineuse.

Note :

Véronique Ovaldé (1972) – Française
236 pages – 2011 – ISBN : 978-2-87929-827-6

Arnaud Cathrine – Nos vies romancées

Arnaud Cathrine - Nos vies romancéesRésumé :

Parmi tous ses “livres de chevet”, Arnaud Cathrine a décidé d’en garder six. Six livres et donc six auteurs qui l’ont marqué tout particulièrement. Quatre femmes et deux hommes : Carson McCullers, Françoise Sagan, Roland Barthes, Fritz Zorn, Sarah Kane et Jean Rhys. Une rencontre avec “ses vies romancées” qui pourraient bien devenir les nôtres , s’il arrive à nous transmettre son amour pour ces écrivains !

Extrait :

Moi aussi, je sais bien que ma vie est “une affaire compliquée d’endroits “où l’on m’aime bien” et d’endroits “où l’on ne m’aime pas”, de gens qui me font du bien et de gens qui ne me font pas du bien, de gens avec qui je pourrais être heureux et de gens avec qui je ne le serai jamais, de regards dans lesquels “j’ai l’air en beauté” et de regards dans lesquels “j’ai mauvaise mine”, de questions “qui vont me porter bonheur” et de questions “qui ne me porteront pas bonheur”, et ainsi de suite…
De l’enfant que j’étais, on a pu dire qu’il était “compliqué”. Je pense plutôt qu’il est très “compliqué” de devenir soi-même quand la sacro-sainte norme nous souhaiterait tous identiques ; ça, je l’ai su très tôt. Le métier de vivre, ce n’est sans doute pas autre chose que ça : accepter sa liberté et, si tant est qu’elle ne nuise à personne, l’imposer sauvagement, obstinément, en serrant les dents tout d’abord, puis un grand sourire aux lèvres in fine. Cela prend sans doute toute une vie.

Alors, maintenant, que la lutte soit belle.

Avis :

“N’entre pas ici sans désir” avait écrit Paul Valéry. C’est l’épigraphe qu’a choisi Arnaud Cathrine pour ce livre. Oh, non, c’est sûr, je n’ai pas ouvert ce livre sans désir ! Les fidèles du blog l’auront remarqué, Arnaud Cathrine est un auteur que j’adore et j’attendais ce livre avec une grande impatience !
Dans les romans d’Arnaud Cathrine, le personnage principal est souvent disparu. Ce sont les amis ou la famille du disparu qui, au fil du livre, vont nous en apprendre plus sur ce personnage. Ici, c’est un peu comme si les rôles entre l’auteur et ses personnages était enversé : à travers ces six écrivains qu’il nous présente, Cathrine nous parle un peu de lui-même et nous en apprend plus sur sa soif de liberté.
Car ce qui ressort de ce livre, c’est bien cette quête de la liberté. Chacun de ces six auteurs semble avoir cherché à atteindre ce but : que ce soit Sagan dans l’attitude qu’on lui connait, Zorn en tentant d’aller au-delà du conditionnement imposé par ses parents ou encore Rhys en essayant de dénoncer la condition des femmes. Il semble en être de même pour Arnaud Cathrine, qui nous le contait encore si bien il y a quelques jours, en évoquant l’histoire de son grand-père dans les Ateliers de la Création de France Culture (dont je vous recommande vivement l’écoute du podcast). Arnaud Cathrine me semble de plus en plus sûr de lui et cela se sent dans ses créations (qu’elles soit littéraires, musicales ou théâtrales), pour notre plus grand plaisir !
Je pense que ce livre peut séduire tout le monde, que l’on connaisse ces auteurs ou non. J’ai pris autant de plaisir à découvrir les auteurs que je n’ai pas encore lu, qu’à lire l’interprétation de Cathrine sur ceux que je connaissais déjà. Au final, je ressors de ce livre avec autant de désir qu’au début, si ce n’est davantage ! J’ai envie d’en savoir encore plus sur ces auteurs et je crois notamment que des livres de Sagan et Sarah Kane seront sur la liste de mes prochains achats !

Je profite de cet article pour remercier Violaine, pour avoir contacté l’auteur afin de m’offrir ce livre en avant-première, et puis Frère Arnaud, pour avoir accepté de le lui envoyer.

Note :

Arnaud Cathrine (1973) – Français
209 pages – 2011 – ISBN : 978-2-234-06938-1

Eliette Abécassis – Un heureux évènement

Eliette Abecassis - Un heureux évènementRésumé :

Barbara est enceinte et découvre les désenchantements de la grossesse : dérèglements hormonaux, nausées, prise de poids, irritabilité. Le fait de devenir mère va petit à petit prendre toute la place dans sa vie, jusqu’à mettre en danger son couple. Ces problèmes ne feront que croître avec la naissance du bébé.

Extrait :

Nous nous aimions, nous étions amoureux et seuls au monde. Puis il y eut l’enfant. Et c’est là, à ce point précis, que notre aventure commença. Avant, ce n’était que balbutiements et hautes espérances.
Nous n’avions pas de raison de faire un enfant. Nous étions jeunes, heureux, amoureux. Ce n’était pas une nécessité sociale. Ce n’était pas une évidence. Ce n’était pas une évolution naturelle de notre relation, ce n’était pas par pression, ce n’était pas un projet.
Qu’est-ce qui nous a pris ce jour-là ? Etait-ce la rencontre de cet enfant dans les rues perdues de La Havane ? Une réponse à l’absurdité de la vie ? Mais d’où vient cette folie que les gens ont des enfants – qu’ils décident d’avoir cette outrecuidance ? Pour qui se prennent-ils ? Est-ce qu’ils savent ce qu’ils font, est-ce qu’ils ont bien conscience de tout ? Non, en fait, personne n’a rien compris. Comme le Bourgeois gentilhomme, ils font de la métaphysique et ils ne le savent pas. Ils font l’acte le plus commun et le plus inouï, qui consiste à reproduire l’humanité, en prenant en charge un petit d’homme. En étant responsables d’un autre, alors qu’ils ne le sont pas d’eux-mêmes. C’est vertigineusement banal. Ils se mettent à la place de Dieu, en toute innocence.

Avis :

J’ai lu ce livre parce que Rémi Bezançon l’a adapté au cinéma et qu’il sort bientôt, je tenais donc à le lire avant de le voir (vu que je n’aurais pas fait l’inverse). Si j’ai trouvé intéressante la façon de Barbara d’envisager la maternité, j’ai déploré le caractère caricatural des personnages qui ne sont finalement pas très attachants. L’intrigue est comme le style : sans relief. Ce que j’ai aimé en revanche, ce sont toutes ces réflexions sur la femme, la perception que la société en donne et les bouleversements qu’entraînent la maternité. Il me semble que l’auteure aurait eu tout intérêt à écrire un essai plutôt qu’un roman. Quant à la fin, eh bien, je n’en ai pas trop compris l’intérêt non plus… En tout cas, c’est un livre à vous dégoûter d’être enceinte et je suis contente de ne pas avoir de projet de maternité dans un futur proche car j’avoue que ça refroidit drôlement ! Enfin, espérons tout de même que Louise Bourgoin sera convaincante sur grand écran.

Note :

Eliette Abécassis (1969) – Française
153 pages – 2005 – ISBN : 978-2-253-12004-9

Alice Kuipers – Deux filles sur le toit

Alice Kuipers - Deux filles sur le toitRésumé :

Ce livre, c’est le journal intime de Sophie, qu’elle démarre suite à la suggestion de Lynda, sa psy : “Ecrire dans ce cahier t’aidera à te souvenir”. Sauf que Sophie n’a aucune envie de se souvenir. Et pourtant, elle prend plaisir à noircir les pages de ce cahier, bien décidée à oublier le traumatisme qu’elle a vécu mais qui continue pourtant de la hanter dans chaque geste du quotidien.

Extrait :

C’était l’été, il y a de ça un an et demi. Emily et moi nous étions hissées sur le toit, maman dormant depuis un bon moment. Le jour ne se lèverait pas avant plusieurs heures, mais nous étions déterminées à rester éveillées jusqu’à l’aube. Bouldepoil – c’est moi qui l’avais prénommée ainsi, preuve que l’originalité n’était pas mon fort (comme le soutenait Emily) – nous avait rejointes et marchait sur le bord du toit, sa silhouette se découpant dans le clair de lune. Nous avions apporté du chocolat chaud dans une Thermos, deux sacs de couchage et une mini-chaîne. On a écouté un vieux CD de Suzanne Vega, qui appartenait à ma mère, et dont Emily ne se lassait pas. Cette chanson où elle raconte qu’elle est assise dans un café, met du lait dans sa tasse, regarde par la vitre… Emily a remis le morceau.

Avis :

J’ai aimé ce livre, que j’ai trouvé vraiment touchant et prenant. Le lecteur est rapidement intrigué par le drame qui a bouleversé l’existence de Sophie mais là où Alice Kuipers réussit un coup de maître, c’est qu’elle installe au sein même de la trame de son récit le refus de l’héroïne de revenir à cet évènement. Force est alors pour le lecteur de grappiller les indices au fur et à mesure, laissés par les miettes de souvenirs que dissémine Sophie tout au long du journal. En même temps, on découvre les sentiments d’une adolescente comme les autres : rivalités entre copines, premiers émois amoureux, et cette souffrance indicible et insupportable, poignante et palpable à chaque page. Sophie apprendra à exprimer cette souffrance, à travers des poèmes,  mais surtout grâce à la rencontre de personnages qui l’aideront à accepter que la vie continue. Un roman qui a sonné très juste à mes yeux, même si je ne suis plus une adolescente, je ne doute pas que les préoccupations de la jeune Sophie rendent très faciles l’identification d’une ado avec ce personnage. Une belle découverte, encore glanée chez Leiloona !

Note :

Alice Kuipers (1979) – Anglaise
250 pages – 2011 – ISBN : 978-2-226-21989-3

Alice Kuipers – Ne t’inquiète pas pour moi

Alice Kuipers - Ne t'inquiète pas pour moiRésumé :

Claire et sa maman ne se voient pas souvent. La première est au lycée et a une vie bien remplie, la seconde travaille à l’hôpital et n’a pas beaucoup de temps à consacrer à sa fille. Alors elles communiquent via des post-it collés sur la porte du frigo : le roman se résume à ces petits mots échangés entre la fille et la mère, jusqu’au jour où cette dernière apprend qu’elle est atteinte d’une tumeur au sein. Dès lors, les mots vont prendre une résonance toute particulière.

Extrait :

Quand je te regarde
Je vois la femme que je veux être
Forte et courageuse
Belle et libre

Claire

P.-S. : Je t’aime

Avis :

Encore un livre qui ne m’a pas laissée indifférente. Et pourtant, je n’ai pas été particulièrement enthousiasmée au départ. C’est gentillet et plutôt banal (quoique des fois, ça m’a semblé un peu gros : la mère et la fille n’arrivent-elles donc JAMAIS à se croiser ?). Une entrée en matière assez sympathique mais pas non plus de quoi casser trois pattes à un canard. Et pourtant ce sont ces petits riens du quotidien qui, mis bout à bout, vont restituer des bribes d’existence, surtout lorsque le monde va sembler s’écrouler petit à petit pour les deux protagonistes. D’une construction simple mais originale et extrêmement bien trouvée, ce petit roman se lit très vite, et recèle plus d’émotion qu’il ne le laisse paraître.

Note :

Alice Kuipers (1979) – Anglaise
242 pages – 2008 – ISBN : 978-2-253-15968-1

Marguerite Duras – La mer écrite

Marguerite Duras - La mer écriteRésumé :

Pendant l’été 80, Hélène Bamberger rencontre Marguerite Duras à Trouville. De 1980 à 1994, elles vont se promener ensemble chaque été. Hélène Bamberger prend des photos au cours de ces promenades et puis, en 1994, Duras se décide à mettre des mots sur ces photos.

Extrait :

C’est un très petit pont ouvert sur les marais de la Seine comme sur l’espoir des enfants qui passaient par là. Tout doit être cassé autour.
Tout va mourir ? Tout va-t-il finir ? S’arrêter ? Aussi bien les larmes, l’amour, la mort ? Le sentiment ?
On ne sait plus.
C’est un mauvais jour ? Serait-ce cela ? Seulement ça, un mauvais jour ? On ne sait plus rien de façon claire. On a 100 ans tout à coup. On pleure. On voudrait pleurer davantage, et puis non c’est trop, mais personne ne le dit.
Les cris des femmes, ceux des enfants ? Ca continuerait donc ? Oui. Ca continue. On est en vie. Comme la guerre. Lire ça : qu’on est en vie.
Ce serait un mauvais jour ? On essaie de détecter une connaissance délavée.

Avis :

“La mer écrite” est un livre qui devrait surtout plaire aux lecteurs qui ont déjà pu apprécier la plume de Duras. On rentre ici un peu dans le quotidien de l’écrivain : les photos sont des paysages que Duras a pu voir et ses commentaires nous permettent de profiter de ses réflexions.
A mon goût, l’intérêt du livre tient plus dans les commentaires de Duras que dans les photos, même si les deux vont ensemble. J’avoue ne pas avoir eu un coup de cœur pour ces clichés, leur valeur ajoutée réside plus – selon moi – dans l’aspect témoignage des balades de Duras que dans leur qualité purement esthétique.
On notera que l’ouvrage est paru en 1996, soit l’année de la mort de Marguerite Duras. Il faudrait que je me renseigne, mais la dernière page étant signée par Yann Andréa, je me demande s’il n’est pas à l’origine de cette publication (si vous pouvez confirmer ou infirmer, n’hésitez pas !).
Bref, à conseiller pour tous les amoureux de l’œuvre de Duras. Les autres ne devraient pas y trouver un grand intérêt !

Note :

Marguerite Duras (1914-1996) – Française
69 pages – 1996 – ISBN : 2-86234-210-6

Harper Lee – Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur

Harper Lee - Ne tirez pas sur l'oiseau moqueurRésumé :

A six ans, Scout est un garçon manqué qui préfère accompagner son frère Jem dans ses jeux plutôt que de jouer les petites filles modèle. C’est avec son regard d’enfant intrépide et à la langue bien pendue qu’elle raconte comment son père, Atticus Finch, avocat commis d’office, prit la défense d’un Noir accusé d’avoir violé une Blanche, allant ainsi à l’encontre des mentalités qui régnaient en Amérique à l’époque.

Extrait :

J’avais cependant une autre préoccupation :
-Tous les avocats défendent les n… Noirs, Atticus ?
-Bien sûr que oui, Scout.
-Alors pourquoi Cecil a-t-il dit que tu défendais les nègres ? On aurait cru que tu faisais quelque chose d’illégal.
Atticus poussa un soupir.
-C’est simplement que je défends un Noir du nom de Tom Robinson. Il habite ce petit quartier qui se situe au-delà de la décharge publique. Il fait partie de l’église de Calpurnia et elle connaît bien sa famille. Elle dit que ce sont des gens honnêtes. Tu n’es pas assez grande pour comprendre certaines choses, mais d’autres prétendent, dans cette ville, que je ne devrais pas me fatiguer à défendre cet homme. C’est un cas spécial, le procès n’aura pas lieu avant la session d’été. John Taylor a eu la gentillesse de nous accorder un report…
-Si tu ne devrais pas le défendre, pourquoi le fais-tu quand même ?
-Pour plusieurs raisons, dit Atticus. la principale étant que si je ne le faisais pas je ne pourrais plus marcher la tête droite, ni représenter ce comté à la Chambre des représentants, ni même vous interdire quoi que ce soit à Jem ou à toi.
-Alors, si tu défendais pas cet homme, Jem et moi on n’aurait plus besoin de t’écouter ?
-C’est à peu près cela.
-Pourquoi ?
-Parce que je ne pourrais plus vous demander de faire attention à ce que je vous dis. Vois-tu, Scout, il se présente au moins une fois dans la vie d’un avocat une affaire qui le touche personnellement. Je crois que mon tour vient d’arriver. Tu entendras peut-être de vilaines remarques dessus, à l’école, mais je te demande une faveur : garde la tête haute et ne te sers pas de tes poings. Quoi que l’on te dise, ne te laisse pas emporter. Pour une fois, tâche de te battre avec ta tête… elle est bonne, même si elle est un peu dure.
-On va gagner, Atticus ?
-Non, ma chérie.
-Alors pourquoi…
-Ce n’est pas parce qu’on est battu d’avance qu’il ne faut pas essayer de gagner.

Avis :

J’ai eu envie de lire ce livre après avoir lu La couleur des sentiments et ça a été pour moi une découverte extraordinaire. J’ai beaucoup aimé la façon dont l’histoire est racontée par Scout ; cela lui confère une fausse naïveté en même temps qu’un côté très touchant et tout à fait convaincant. Le personnage du père est lui aussi remarquable, porteur d’une sagesse et d’une humilité qui le rendent fascinant tandis qu’il conserve une part de mystère. Enfin, il faut replacer le livre dans son contexte de publication (aux USA dans les années 1960) pour mesurer combien il était précurseur au niveau des mentalités qu’il véhiculait. Mais ce qui, à mes yeux, fait la force et la beauté de ce livre, c’est l’universalité des valeurs qu’il transmet sur la tolérance, l’enfance et la bonté dont l’être humain est capable, le tout sans tomber dans les bons sentiments ou le dogmatisme. C’est un roman d’une qualité rare et qu’il faut lire absolument.

Et il y a aussi eu une très belle adaptation de ce roman au cinéma : Du silence et des ombres qui est un film datant de 1962, très fidèle au livre et dans lequel le rôle d’Atticus est merveilleusement interprété par Gregory Peck.

Note :

Harper Lee (1926) – Américaine
434 pages – 1960 – ISBN : 978-2-253-11584-7

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