David Foenkinos - Les souvenirsRésumé :

Le narrateur nous fait le récit de son existence de la mort de son grand-père jusqu’au moment décisif où sa vie va faire sens pour lui. Ainsi, on entre dans la tête de ce jeune homme (qui a, à vue de nez, entre vingt et trente ans) qui se raconte tout en digressant sur les personnes de son entourage. De façon touchante et en flirtant parfois avec l’absurde, il nous invite à porter un regard sur sa famille, sur la façon dont les gens sont liés et se comportent les uns avec les autres. Ainsi, l’air de rien, il nous amène à une réflexion sur la vie qui pourra toucher tout lecteur.

Extrait :

On marchait ensemble dans les couloirs de la maison de retraite. Mon regard s’arrêtait toujours sur les croûtes accrochées aux murs. Leur vie était déjà suffisamment dure, je me demandais pourquoi ils infligeaient aux résident une double peine visuelle. La plupart étaient des paysages déprimants, des terres idéales pour provoquer une avalanche de pulsions suicidaires. Il y avait aussi un tableau avec une vache. Le peintre devait être un pensionnaire et on l’exposait pour lui faire plaisir. Après renseignement, non, personne ne savait qui avait peint cette horreur ni pourquoi elle était pendue là. On ne se souciait pas de l’esthétique. Mon dégoût pour ce tableau allait pourtant provoquer chez moi une étrange réaction : à chacune de mes visites, je ne pourrais faire autrement que de m’arrêter devant pour le contempler. Cette vache faisait maintenant partie de ma vie. Elle serait, pour toujours, le symbole de la laideur. Ce n’est pas rien d’avoir ainsi un accès à la laideur, comme un point de mire à l’horizon vers lequel il ne faut surtout pas aller. Cette vache-là, je passerais ma vie à la fuir.

Avis :

C’est mon premier David Foenkinos et j’avoue avoir été extrêmement charmée par le roman lorsque je l’ai commencé. Le narrateur est touchant et sympathique ; l’évocation de ses grands-parents m’a beaucoup attendrie, en particulier toutes les péripéties avec sa grand-mère ainsi que les réflexions sur les maisons de retraite. J’ai trouvé dans le ton une justesse et des réflexions piquantes et amusantes sur l’existence qui donnent un charme tout à fait agréable au récit. J’ai toutefois ressenti une certaine lassitude à partir du moment de la rencontre avec Louise. Si le reste m’a paru traité avec originalité, j’ai un peu déploré le récit de cette relation amoureuse qui ressemblait davantage  à mes yeux à une succession de clichés, sentiment d’autant plus regrettable que ce qui précédait avait pour moi une grâce et une fraîcheur tout à fait inédites. De même, je suis un peu mitigée sur le catalogue de souvenirs qui défilent à intervalles réguliers tout au long du roman : autant certains sont vraiment originaux et amusants et apportent un brin d’excentricité qui fait mouche, autant parfois je les ai trouvés un peu faciles à amener et un peu cul-culs. Quant à la fin, si elle apporte son unité au récit, elle m’a aussi semblé un peu facile. Ces bémols n’enlèvent rien à l’impression globalement très positive que m’a fait ce roman. J’ai souvent tendance à déplorer la pauvreté de la pseudo auto-fiction et sa banalité navrante. Ici, on est très loin de cette médiocrité : il y a une trouvaille plaisante à savourer à chaque page et chacun devrait y trouver son compte sans difficulté.

Note :

David Foenkinos (1974) – Français
266 pages – 2011 – ISBN : 978-2-07-013459-5